Il est interdit d'enfermer les oiseaux en cage, réflexion sur un totalitarisme

15 août 2021, Kaboul tombe aux mains des Talibans, le pays s'écroule. Les Américains retranchés dans l'aéroport tentent d'évacuer un maximum de personnes, c'est la fin d'une guerre de 20 ans.

Faisant partie de cette génération dont l'entrée dans l'âge adulte a été marquée par la tragédie des attentats du 11 septembre 2001 et des guerres qui ont suivie, cet évènement me paraît d'autant plus marquant qu'il semble clôturer cette doctrine post 11 septembre de la guerre contre le terrorisme instaurée par G. W. Bush qui régissait en grande partie l'ordre de la géopolitique mondiale.

 

Qu'est devenu ce pays à la fois connu de tous et en même temps totalement méconnu ? Qui sont ces Taliban et quels sont ceux qui sont leurs premières victimes ?

Tout le monde semble vouloir oublier ce territoire, visible uniquement lorsqu'il est stratégique dans la géopolitique mondiale, puis aussitôt abandonné quand il devient inutile.

Aujourd'hui son territoire est en grande partie pacifié mais le nouveau régime met en place des mesures de plus en plus drastiques dont les 1ere victimes sont les femmes, mais aussi tous ceux qui s'opposent à la doctrine de cette nouvelle théocratie.

 

 

A travers ce projet, Emeric Lhuisset cherche à montrer ce nouvel Afghanistan en dressant le portrait à la fois de ceux qui incarnent le nouvel état au moment de leur arrivée au pouvoir en automne 2021, puis 1 an plus tard, de ceux qui en sont les victimes et qui vivent maintenant sous le joug de ce régime.

 

 

Ces portraits on été photographiés avec une lumière frontale afin d'aplatir les visages et les silhouettes, à la manière des miniatures persanes. Il a ensuite été demandé à chacun de raconter leur monde rêvé.

Ici l?utilisation de «monde rêvé » et non de « monde idéal » permet de laisser davantage recours à l'imaginaire et ainsi de mieux comprendre le regard de ces personnes. Ce registre facilite la libération de la parole et le contournement de la censure mise en place par ce nouveau pouvoir.

Les peintures entourant les portraits reflètent le rêve individuel de chacun d'entre eux, elles sont réalisées par des peintres de camions locaux. La tradition de peinture sur camion propre au sud de l'Afghanistan et aux zones tribales pakistanaises remonte à plus de 100 ans et est fortement influencée par la miniature persane, elle a réussi à perdurer malgré le caractère iconoclaste du 1er régime taliban qui les avait épargnées, elles devenaient ainsi une des seules représentations figuratives encore visible dans l'Afghanistan des Taliban.